L’intelligence artificielle est à la fête.
Et pourtant.
Cette nouvelle providence ou ce nouveau cauchemar, c’est selon, nous tend un miroir, celui de notre nature, celle de raconter et d’écouter des histoires, pain quotidien préagricole de notre race depuis son avènement.
La musique, l’entrain et les feux d’artifice nous font oublier que d’interagir avec l’I.A. nous transforme à notre insu en auditeurs très attentifs, émotifs, soumis à ces rêves et contes qui bercèrent notre enfance, pour finalement les cultiver intensément, voire à l’excès, à l’âge adulte. Ainsi, inconsciemment, nous adressant à cette engin, concept un tantinet oxymore, nous nous comportons en enfant, ultime régression, lui prêtant à bon compte des pouvoirs surnaturels.
Soudainement une idée saugrenue, une proposition peu flatteuse pour notre ego, surgit de nulle part. Il s’agirait de pondérer cette intelligence artificielle par une autre programmation qui procéderait au comportement de l’idiot : le crétinisme artificiel. Ainsi équilibré, ce nouvel outil de communication, par intermittence, nous ferait rêver, nous impressionnerait, puis tel un fantôme multiforme, nous décevrait et agacerait à l’envie, régulant, que dis-je, humanisant cette relation artificielle qui nous est tant suscitée.
Le vif Incitatus fût le parangon de notre Empereur bien-aimé, Caligula, qui, chaussé de ses bottines, cavalait au milieu de la foule en délire, raillant les Sénateurs de leur oisiveté. Et bien notre amour de nous-même, psychodrame onaniste, à la fois pâté à la viande finement persillé et cuisses de poularde légèrement parfumée, nous permettra grâce à cet artifice intellectuel, tel un engrenage circulaire, d’atteindre le summum de la réalisation personnelle.
Carpe diem.
Mais après cette courte et risible ode à l’intelligence artificielle et son pendant crétiniste, une question demeure : Railler une telle évolution est-il une faute de goût ?